Le soleil pointe avec hésitation. 6H32 ou 33, à l'horloge de la Volvo silencieuse. Marcus souffle.
-On roule depuis 20 minutes. Vous êtes calmé maintenant, Morin ?
-Ca va mieux ouais, laisse tomber le jeune officier.
-Bon, on va où ?
-J'ai réfléchit Andrade. Le seul nom qui me vienne à l'esprit, c'est Raoul Marquez.
-Vous dites ?
-Raoul Marquez. Pourquoi ?
Reminiscences d'un taxi, un chauffeur aux yeux d'indien, le pâquet, dans sa poche, qui lui glâce les reins.
-C'est n'importe quoi ! Je connais son frère. Enfin, un chauffeur de taxi m'a dit son nom, il disait être le frère de Raoul Marquez.
-Quoi ?!
-Oui, le chauffeur du taxi que j'ai emprunté après l'opération chez Stern. Il m'a dit d'aller dans le resto de son frère, le « Mango ». Qui est Raoul Marquez ?
-Un contact péruvien. Un mec qui joue les intermédiaires pour nous. Je ne l'ai jamais rencontré, mais, d'habitude, les choses se passent dans un bar-boite, dans Barranco, ça s'appelle The Point.
-Oui, j'y suis déjà allé, mais sans savoir. Le discrict de Barranco est au sud. On doit faire demi-tour. Comment savaient-ils ?
-Ecoutez, il y a beaucoup de choses que je ne m'explique pas ce soir, Marcus. Mais si Marquez a envoyé un homme vous prévenir...
-...mais oui ! Il m'a prévenu. Il m'a demandé si j'étais français... or mon accent est irréprochable. J'ai pas été vigilant sur ce coup.
Les réverbères ambraient maladroitement l'asphalte, et les rues défilaient. Les yeux de l'officier viraient de gauche à droite, comme à la lecture d'un livre de poche. Marcus remarqua les tempes grisonnantes de son chauffeur. Pas si jeune. Combien d'hommes roulent-ils vers une intuition dans ce vaste monde ? Combien la mort est proche.
*
-Bon, attendez...Morin emprunta une rue perpendiculaire et fit demi tour sur l'avenue Jupiter.
-... on a une piste. Marquez était au courant. Il vous a donné une adresse : le Mango. Tout ça comme pour dire : « si vous avez des problèmes, venez là ».
-Il a peut-être pensé : « si vous voulez vous faire rectifier la face, venez là ».
-Mais non, je suis à peu près certain que le PDA contenait une puce GSP. Pas besoin de vous tendre un piège aussi minable. Il devait savoir que vous n'iriez pas, par principe.
-Rien ne le prouve.
-Alors on fait quoi ? claque Morin.
-Personnellement, je me cogne de dénouer cette affaire. Je veux juste éviter de me faire trouer la peau. Vous aussi, non ? Alors on prend le chemin de l'ambassade et on se planque. D'autres feront le job. Après je me fais exfiltrer.
-Vous avez raison, Andrade.
-Je pense bien ouais. J'ai faim. J'aurais dû vider le frigo du colonel.
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